Slovénie – Jour 1 : Des débuts prometteurs

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Depuis que je pêche à la mouche, j’entends parler de la Slovénie, de ses rivières aux eaux émeraudes restées sauvages, de ses marmoratas gigantesques et de ses ombres qui pullulent. Tout pêcheur qui se respecte à lu des histoires, vu des photos, des vidéos de pêches miraculeuses en Slovénie. De mon côté, j’avais eu le retour de quelques personnes ayant déjà effectué des séjours en terre promise, ils en étaient tous tombés amoureux. Vous le savez, le prix des permis Slovène est tout simplement hallucinant pour un pêcheur français, mais si tel est le prix à payer pour toucher du doigt un rêve de gosse, alors…

J’ai la chance (ou le malheur !) d’avoir dans ma famille des pêcheurs à la mouche, mon frangin bien entendu, mais aussi des cousins avec qui je partage maintenant bien plus que de simples parties de pêche. J’avais en tête depuis un moment d’organiser un voyage de pêche avec eux, pour la pêche évidemment, mais aussi pour se retrouver tous ensemble. J’ai donc pris les choses en main et après de longues recherches sur la destination (nous voulions quelque chose de pas trop loin, où il ne fait pas trop moche, avec de beaux paysages et de belles rivières, ET qui conviennent à nos accompagnatrices !), le choix s’est porté sur la vallée de la Soca dans la région de Tolmin. Au programme : 6 jours de pêche sur la Soca, L’Idrijca, La Baca, La Trebusisca, La Tolminka, La Sava Bohinjka… ça laisse rêveur !

Après des mois d’attente, de préparation du matériel, de montage de mouches, de pêche aux infos, de rêves (ou cauchemars) de marmos géantes, le jour J arrive et nous décollons pour Venise le 09 Juin pour y passer le week-end avant de prendre les voitures le dimanche soir direction la Slovénie.

La première soirée fut longue et la nuit bien courte (en ce qui me concerne du moins). J’ai en effet quelques soucis de sommeil les veilles de pêche et je ne pense pas être le seul dans ce cas. Vous savez, toutes ces idées qui tournent dans notre tête, quelle technique adopter ? quelle mouche choisir ? Est-ce que la rivière sera aussi belle qu’espéré ? Ces visions d’horreurs de ferrages loupés, de casses dans des branches ou sous un rocher…L’angoisse quoi… !

Bref, le matin arrive (enfin) et nous sommes à l’ouverture du magasin de pêche local pour y récupérer le saint graal...le permis ! Bon à 60 boules ça pique, mais c’était prévu. Nous prenons la direction de la Trebusisca, un affluent de l’Idrijca qui aux dires de certains serait blindée de petites (et certaines très grosses) marmos. Nous longeons pendant plusieurs kilomètres l'Idrijca, elle est magnifique et nous somme de plus en plus impatient de commencer la pêche. Arrivés sur le spot conseillé, nous commençons à remonter la rivière. On m’avait dit « tu verras y’a des poissons partout, il suffit de passer des grosses sèches dans les courants et ça monte dessus en permanence ! ». Et bien 1H30 plus tard et après avoir passer toute ma boîte de sèches, tenté les courants en NAF, cherché du regard les éventuels poissons présents dans les fosses, RAS ! Rien ! Même pas une truitelle dans les courants, pas une truite fuyarde à mon arrivée dans l’eau, pas un poisson calé dans une fosse…le néant total. Et c’est le même constat pour les 2 pêcheurs qui m’accompagnent. Aux vues de ce premier résultat, nous décidons de passer sur l’Idrijca, un format de rivière qui nous convient mieux : grande rivière mais pas trop (de la place pour 3), profils diversifiés, eaux parfaites pour la NAV, et de bonnes chances de croiser une marmo !

La Trebusisca en amont de sa confluence avec l'Idrijca, magnifique mais déserte ce jour-là !

Arrivés sur le secteur repéré la veille, et nous commençons par faire comme tout le monde, regarder du pont ! Une ou deux arcs sous le pont mais rien de bien convaincant, peu importe, nous enfilons nos waders et attaquons la remontée du parcours. A ce moment là nous étions 3 pêcheurs, le 4ème devait nous rejoindre dans l’après-midi. Après une centaine de mètres à remonter la rivière comme des sioux, à l’affut du moindre indice pouvant trahir la présence d’une truite, le doute commença à s’installer, rien à l’horizon… J’étais alors munis d’un sedge tabanas lorsque j’aperçois une jolie arc postée à 3 m devant moi. Sans sortir de soie, je lui pose 1m en amont…gloups ! Pendu ! Le premier poisson Slovène était là, au bout de la canne ! Après un combat puissant, la truite rejoint mon épuisette. Soulagé, nous faisons quelques photos puis je la laisse rejoindre les eaux cristallines de sa rivière. Alors oui, c’est une arc, oui le coup de ligne est bien moisi, mais elle faisait bien plaisir et m’a mis en confiance pour la suite.

La première du séjour, le cadre est juste à tomber...

Nous continuons de remonter la rivière et je décide de prendre un peu de hauteur sur la berge pour mieux repérer des poissons que pourrons attaquer mes deux compères en NAV. Mais la rivière parait bien vide.

L'Idrijca est sublime, mais semble vide ...

Nous parviendrons quand même à attaquer quelques poissons bien attablés, qui prennent aux premiers passage nos petites nymphes casquées. Mais toujours pas la queue d’une marmo… Chacun a fait une ou deux belles arcs en NAV, ce qui certes reste plaisant, mais m****, on est pas venu en Slovénie pour faire de la bassine !

La première pour Vincent !

Nous arrivons sur un secteur beaucoup plus courant que ce que nous avions pêché, ce qui rend presque impossible la pêche à vue. Bien que pas très à l’aise dans cette technique, je décide de passer en NAF pour tenter quelques courants prometteurs.

Le fameux courant prometteur

Après quelques réglages et changements de nymphe pour mieux pêcher la première veine choisie, mon fil s’arrête, ferrage, pendu ! Le poisson se bat différemment, il utilise moins son poids, je sens beaucoup plus de coups de têtes et il cherche tout de suite à rejoindre les gros blocs de la rivière…ça, c’est pas une bassine ! Je stress alors à l’idée de perdre ce qui est certainement ma première marmo… le poisson dévale l’Idrijca et je ne veux pas le brider ce qui m’oblige à courir derrière elle. Elle arrive dans une zone plus calme et je l’aperçois enfin, c’est bien une marmo ! Pas un monstre, mais c’est une marmo ! Elle tentera à plusieurs reprises de rejoindre les caches sous les blocs, mais finira par se rendre à l’épuisette une cinquantaine de mètres en aval de la veine où elle se tenait ! Ca y est, je la tiens, elle est magnifique. C’est un poisson d’une quarantaine de centimètre, tout en muscle, profilé pour les milieux courants.

La première marmo !

Les marmos n’ont pas la réputation d’être des poissons très combatifs, mais celle-là valait largement une zébrée ou même une normande de 50. Je profite pendant de longues minutes de ce poisson, de cette forme fuselée et de ces nuances de couleurs avant de le laisser repartir. Je suis aux anges, je rêve de ce poisson depuis des mois et avec la capture de cette marmo, le contrat signé avec moi-même est rempli. En effet, je m’étais fixé pour objectif de prendre une marmo, au moins une ! Peu importe la taille, j’en voulais une ! Maintenant qu’elle est là, je peux profiter du reste du séjour sans la pression de ne pas en faire =).

Je referais en NAF une petite marmo de 30 et 2 arcs dans la foulée. Mes deux acolytes sont moins à l’aise que moi (même si je me trouve vraiment mauvais au fil) en NAF, je décide alors de remonter un peu plus en amont avec mon frère à la recherche de poissons à attaque à vue. Mais encore une fois, la rivière semble morte… Pas de poisson en poste ou en maraude, pas de gobages, rien. Seulement ces satanés chevaines et barbeaux qui ne cessent d’attirer notre regard et nous donner de faux espoirs. Je décide alors de rejoindre une zone plus courant pour retenter au fil. Alors que je m’applique depuis de longues minutes, j’entendu un magnifique « POISSON !! » derrière moi ! Je vois alors mon frère aux prises avec quelque chose qui parait joli et je m’empresse de le rejoindre. C’est une très belle marmo ! Le combat est puissant, mais elle finira par se rendre.

Un superbe poisson pour Simon !

Encore une fois, c’est un poisson magnifique bien que douteux sur sa robe. Il s’agit en effet d’un hybride fario/marmo, ce qui malheureusement est très fréquent en Slovénie. La souche marmo a ainsi été pollué par des lâchers de farios qui se sont hybridées avec les marmoratas. Bien que les lâchers de farios aient été stoppés sur la Soca et ses affluents, beaucoup de poissons portent encore les traces d’une hybridation. En espérant que la souche marmo reprennent le dessus dans les années à venir, elle n’en restera pas moins altérée… Bref, en tout cas, un magnifique coup de ligne de Simon qui a repéré ce poisson posté ras la berge, et a réussi à le décider en sèche avec une imitation de fourmi, bravo !

Le temps passe et nous devons retourner au point de départ pour retrouver Bastien qui arrive tout juste de Venise pour le coup du soir ! Nous lui racontons notre première journée mitigée, mais pleine de promesse pour la suite avant de nous rendre sur un secteur repéré pour le coup du soir. Il est environ 17H quand nous attaquons une zone très lente, influencée par un barrage situé en aval. Le cadre me rappelle beaucoup la Bienne (R.I.P) ou encore l’Ain sur certains parcours bien connus des pêcheurs en NAV. Nous longeons donc la berge à la recherche de poissons à attaquer en arbalète compte tenu de la profondeur et de la végétation en berge. Mais encore une fois, RAS à part une arc qui refusera nos imitations, et une marmo perdu de vue alors que j’attendais une fenêtre pour lui présenter ma cuivre. Le doute s’empare de plus en plus de nous … Nous sortons de la zone lente pour arriver sur un grand radier, avec un courant prometteur qui vient lécher la berge sur des blocs qui doivent certainement fixer quelques poissons. Nous nous remettons en NAF pour peigner ce courant en attendant d’éventuels gobages.

Cette fois c’est Vincent qui détectera une tirée sur sa soie, suivi d’un ferrage dans les règles de l’art ! Un combat surpuissant s’engage et c’est un beau poisson qui le mettra sur le backing, une très belle arc prise en NAF. Bravo ! Pendant le combat, alors que j’étais occupé à regarder mon voisin attelé, je prends également une tirée, 2 coups de têtes et décrochée…

Une arc surpuissante pour Vincent

Je ferais tout de même une arc et une marmo d’une trentaine de centimètre dans la foulée, alors que Simon a tout essayé sur ce qui semblait être une belle marmo qui est venu gober sous son nez à plusieurs reprises…sans succès. Le coup du soir approche mais rien ne se passe… pas de gobage, rien.

Nous décidons de nous rendre sur la limite amont du parcours de la basse Idrijca. Nous arrivons alors sur une zone en surplomb de laquelle nous apercevons plusieurs poissons (arcs) attablés dans une partie très calme de la rivière, ouf. Nous nous empressons de reprendre nos affaires respectives et regagnons le bord de l’eau. Si les arcs gobent, il y aura bien quelques marmos de sorties ! Quelle ne fut pas notre désillusion… Toute la soirée, les arcs ont gobé devant nous ce qui semblait être des exuvies. Au final, 1 seul poisson pour Simon (grâce à ses fameuses mouches réalistes !) et quelques décrochés/ratés au gobage, et pas la queue d’une marmo. Il est à peine 21H30 que nous devons rentrer (la nuit tombe très tôt en Slovénie) sur ce bilan très mitigé de notre première journée.

Nous pensions avoir connu une journée difficile, nous nous étions bien trompés…

Publié dans pêche, truites, compte rendu, voyage

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